« Une Italienne à Alger à dimension humaine »

LaTribune.fr

Le Théâtre Mouffetard propose l’opéra bouffe de Rossini transcrit pour trois instruments. Ambiance chaleureuse assurée.

Pas toujours facile lorsque l’on est passionné d’opéra d’aller voir des productions sans se ruiner. Heureusement, certains théâtres ont le bon goût de faire preuve d’imagination et de persévérance pour pouvoir satisfaire tous les publics. C’est le défi qu’a voulu relever le théâtre Mouffetard en produisant une Italienne à Alger de Rossini transcrite pour trois instruments (piano, violon et violoncelle). Et le résultat est pour le moins réussi même s’il n’est pas dépourvu de faiblesses.

La salle étant assez petite, on est complètement plongé dans l’univers rossinien et son plaisir de la bouffonnerie. Cet opéra, écrit en 1813 à Venise, est le premier opéra comique du compositeur italien. Celui-ci, alors âgé d’à peine 21 ans, n’hésite pas à faire virevolter les notes, donnant un rythme effréné à cette oeuvre. Suivront d’ailleurs très vite d’autres opéras du même moule comme le Turc en Italie l’année suivante, ou le célébrissime Barbier de Séville deux ans plus tard.

L’histoire est assez simple pour une fois : le bey Mustafa est las de sa femme dans son sérail algérois et voudrait séduire une étrangère. Une jeune italienne fait justement naufrage près de ses côtes. Il tente alors d’obtenir ses faveurs. Mais celle-ci, aussi belle que rebelle, va le mener par le bout du nez, obtenant finalement de convoler avec l’homme qu’elle a choisi, Lindoro, tout en parvenant à convaincre le bey de retourner dans les bras de sa belle.

La mise en scène de Sergueï Safonov, gaie et inventive, sert parfaitement cet opéra aussi déluré que difficile à chanter. L’italienne, incarnée par Marie Blanc, est très convaincante dans son rôle de femme fatale. Sa voix possède une très belle couleur et se joue des difficultés rossiniennes. Le bey interprété par Julien Joguet est lui aussi irrésistible. Mais les autres seconds rôles ne sont pas à l’unisson. Et certains passages particulièrement techniques nous laissent sur notre faim. La transcription pour trois instruments est en tout cas fort réussie et nous permet de savourer comme il se doit cette musique ciselée. D’autant plus que la taille humaine de la salle rend cette réduction orchestrale bienvenue.