Le spectacle

L’Oratorio Baroque

 

Histoire

Comme son nom l’indique l’oratorio est une invention de membres de l’ordre religieux italien des Oratoriens, au XVIe siècle. À cette époque il était interdit aux compositeurs d’opéra de tirer l’argument de leur œuvre d’un sujet sacré.
Le but des créateurs de l’oratorio était de contourner cette interdiction en créant une forme spécifique qui puisse aborder ce type de sujets tout en présentant le même potentiel de séduction que l’opéra.

L’oratorio a rapidement évolué en différentes formes. Il peut être narratif et dramatique, à la manière de l’opéra, ou plus proche des formes de la cantate et de la liturgie. Toutefois, en dépit des différences que l’on peut trouver entre plusieurs styles d’oratorio, un certain nombre de traits structurels distinctifs sont communs à l’ensemble du genre : une structure générale en deux parties (éventuellement précédée d’un prélude instrumental), la présence d’un récitant (extérieur à l’action ou identifié à un personnage) et enfin l’alternance d’airs et de récitatifs.

De façon générale, on peut dire que l’oratorio connaît son âge d’or entre la fin du XVIIe siècle et le début du XIXe siècle. Certains compositeurs se montrent très prolifiques dans ce domaine, comme Alessandro Scarlatti, Antonio Vivaldi ou Georg Friedrich Haendel…

Les Fontaines d’Israël de Schein

Les Fontaines d’Israël (Israelis Brünnlein) est une œuvre religieuse de Johann Hermann Schein composé en 1623. Son inspiration italianisante est mis en exergue dès la partition où le musicien sous-titre auf einer italian madrigalische (« à la manière d’un madrigal italien »). L’œuvre se compose de 26 motets pour cinq voix et basse continue (à l’exception d’un seul, pour six voix) sur des textes allemands extraits de l’Ancien Testament (sauf le dix neuvième attribué au musicien lui-même). La musique se caractérise, outre son style italien, par son adéquation précise avec le texte chanté avec un respect de l’accentuation et de la segmentation syllabique. Les écarts avec cette règle amplifie d’autant l’aspect émotionnel de la parole. L’exécution totale de l’œuvre demande près d’une heure trente.

Direction

Jean-Pierre Mignot

Distribution

Soprano 1 – Marion Dhombres
Soprano 2 – Audrey Trost
Haute-contre – Stanislas Herbin
Ténor – Philippe Scagni
Basse – Julien Joguet

Continuo

Clavecin – Quentin Demoures
Viole de Gambe – Jérôme Chaboseau

Johann Hermann Schein

Johann Hermann Schein (Grünhein, 20 juin 1586 – Leipzig, 19 novembre 1630) est un compositeur allemand. À la mort de son père, il rejoint Dresde et son chœur. Il y reçoit une éducation musicale. Entre 1603 et 1607, il étudie à Pforta, puis entre 1608 et 1612, à l’université de Leipzig. Il devient maître de chapelle à Weimar, puis cantor à la chapelle Saint-Thomas de Leipzig, poste qu’il occupe jusqu’à la fin de sa vie (et qui sera occupé près d’un siècle plus tard par Jean-Sébastien Bach, ce qui vaudra à ce dernier le surnom de cantor de Leipzig). Il devient l’ami d’Heinrich Schütz, mais contrairement à ce dernier, il reste de santé fragile. Sa femme décède des suites des couches de son cinquième enfant (quatre de ces derniers mourront durant l’enfance). Lui-même meurt à l’âge de 44 ans des suites d’une tuberculose et de problèmes rénaux.

Schein est le premier allemand à s’inspirer des nouveautés de la musique baroque italienne (style concertant, monodie, basse figurée) et à les utiliser dans un contexte luthérien. On note cependant, que contrairement à Schütz, le musicien est resté toute sa vie en Allemagne. Ses premières références sont probablement l’édition allemande du Cento concerti ecclesiastici de Lodovico Viadana. Toujours contrairement à Schütz qui n’écrit que de la musique religieuse, Schein se consacre à parts égales à la musique séculière et à la musique d’église, la quasi-totalité restant vocale. Il est l’auteur des textes profanes. Durant sa vie, il alterne ainsi recueils de musique religieuse et de musique profane, parfois de circonstance, pour certaines festivités. L’inspiration madrigaliste italienne et sa profonde dévotion contraste particulièrement avec d’autres pièces, inspirées de chansons à boire. L’expressivité de certaines de ses œuvres rejoint le niveau de celles de Schütz. En exemple, on peut citer les fontaines d’Israël (1623) où le compositeur déclare tenter d’exprimer toute la puissance de la prosodie du texte allemand dans le style madrigal italien. Il n’a écrit qu’un seul recueil de musique instrumentale, son Banchetto musicale datant de 1617. Celui-ci contient 20 suites et variations, et constitue l’un des plus anciens témoignages – et des plus réussis – de cette forme musicale. Les suites sont conçues comme de la musique d’accompagnement pour les dîners à la cour de Weissenfels et de Weimar, et devaient être exécutées sur un ensemble de violes. Elles sont constituées d’une série de danses : pavane, gaillarde, courante pour finir par une allemande.