Le spectacle

Un conte du chat perché
Les boîtes de peinture

Opéra jeune public d’Isabelle Aboulker sur un texte de Marcel Aymé
Mise en scène : Sébastien Davis

 

 

Synopsis

Suite à l’adaptation d’Antoinette la poule Savante, qui réunissait les Cinq contes musicaux d’Isabelle Aboulker et au succès formidable qui s’en est suivi, la Compagnie In-Sense a choisi de produire une nouvelle création avec la même équipe, et de demander à Isabelle Aboulker d’écrire sur mesure sur un des Contes du chat perché de Marcel Aymé pour mezzo-contralto et baryton. 

Les Contes du chat perché ont bercé notre enfance. Chaque conte porte un enseignement spécifique, mais la nouvelle Les boites de peinture nous a particulièrement interpellé car elle parle de l’art, de sa pratique, de la perception qu’en a chacun de nous. Cet univers miniature dans lequel Marcel Aymé analyse nos travers et nos limites, mais surtout notre innocence et notre humanité à travers les aventures de Delphine et de Marinette nous a plu immédiatement et nous avons voulu le faire vivre sur scène à travers la musique et le chant. 

Par un heureux hasard Isabelle Aboulker y songeait depuis longtemps, et s’est montrée très enthousiaste à l’idée de ce projet. Elle a écrit et composé donc, sur ce texte pour deux voix (mezzo-contralto et baryton) et piano, en isolant des thèmes musicaux selon les émotions qui se dégagent au fil de la narration. 

Les enfants, en plus d’être sensibilisés aux voix lyriques, à la musique magnifique d’Isabelle Aboulker et au texte de Marcel Aymé, sont transportés dans un voyage à travers des oeuvres d’art qui les portent vers une réflexion autour de l’image de soi, et plus précisément : comment chacun voit sa propre réalité et comment cela fait ressurgir les émotions telles que l’orgueil, la jalousie, la fierté, la vanité, la joie, le rire. Nous avons trouvé extraordinaire chez Marcel Aymé cette capacité à traiter les grands thèmes qui questionnent l’être humain à travers toute sa vie, grâce à cette écriture simple, enfantine, décalée, et surtout infiniment drôle et poétique… 

Un coup d’oeil

Un extrait du spectacle

Distribution

Marie Blanc – Mezzo-soprano

Philippe Scagni – Baryton

Camille Demoures / Ernestine Bluteau – Piano

Sébastien Davis – Mise en scène

Perrine Leclère-Bailly – Scénographie et costumes

Julien Ménard – Création lumières

Note d’intention de la compositrice

Rares sont les écrivains qui à l’instar de Marcel Aymé avec Les contes du chat perché, mettent leur talent au service de la littérature pour la jeunesse.

Delphine et Marinette, héroïnes de ces contes, ont été dès la parution du livre en 1939 adoptées par les jeunes lecteurs, lectrices, et séduisent toujours les enfants d’aujourd’hui.

Les boîtes de peinture, le conte que nous avons choisi appelait-il une adaptation musicale ?

Marcel Aymé aurait-il apprécié que soient posées des notes sur ses mots ?

Qu’il me soit permis de justifier cette mise en musique et en chanson en évoquant le raffinement de l’écriture qui mélange avec bonheur, réalisme et onirisme ; l’humour, la tendresse, une pointe de cruauté présente dans tout l’oeuvre de l’auteur me semble être proche de l’univers d’Eugène Ionesco dont j’ai adapté des textes à plusieurs reprises.

Avec Les boîtes de peinture, je retrouve la talentueuse équipe de notre spectacle Antoinette la poule savante : Marie Blanc et Philippe Scagni, formidables chanteurs comédiens ayant créé la compagnie In-Sense, et Sébastien Davis dont la mise en scène inventive, drôle et sensible m’avait séduite, tout autant que la scénographie de Perrine Leclère-Bailly.

Note d’intention du metteur en scène

Mon point de départ a été celui de la situation. A savoir QUI nous raconte cette histoire ? Dois-je traiter les figures de Delphine et de Marinette comme des personnages que l’on incarnera dans le spectacle ? De même pour leurs parents, et les animaux qui les entourent…

Assez rapidement une figure s’est imposée à moi. Tout le conte pourrait nous être raconté par l’entremise de l’Oncle Alfred. C’est lui qui offre les boîtes de peinture aux jeunes filles pour ensuite disparaître totalement du conte.

Toute cette mésaventure, fantastique et hautement improbable du point de vue de la vraisemblance, pourrait en réalité avoir lieu dans l’imagination de l’Oncle Alfred.

Le voilà donc, un dimanche après-midi d’été, en train de s’adonner à son passe-temps favori, la peinture. Et tout en peignant un arlequin, son esprit divague.

Il rêvasse. Lorsque soudain ses rêveries prennent le dessus sur la réalité. L’arlequin qu’il était en train de peindre sort du tableau, prend corps !

Arlequin et Oncle Alfred vont alors nous raconter comment la peinture peut être dangereuse si laissée entre des mains innocentes…

C’est une véritable initiation artistique qui nous est raconté. Les peintures de Delphine et Marinette ont le pouvoir de transformer la réalité.

Les premières toiles des jeunes filles sont innocentes, les nuances de couleurs et les notions de perspectives en sont absentes.

Mais bien que la réalité représentée y soit distordue, ces toiles sont fidèles à leurs intentions. Fidèles à la manière dont elles perçoivent le monde.

C’est alors que le monde se renverse et se recréé à leur image. L’âne n’a plus que deux pattes, le cheval est minuscule, les bœufs sont invisibles… Le monde des jeunes filles n’est pas fonctionnel. Quel terrible leçon !

Après ce péché originel, elles vont prendre conscience qu’il leur faut désormais apprendre à voir, à considérer les choses avec détails et profondeur. C’est la deuxième étape de leur initiation : l’apprentissage par l’imitation.

Mais malheureusement cette étape, bien qu’obligatoire, a son double-tranchant. En cherchant de reproduire « fidèlement » la réalité, la peinture s’assèche, devient creuse, terriblement plate bien que respectant couleurs et perspectives. Les animaux, au contact de ces nouvelles toiles, ne retrouvent pas leur aspect originel.

Une ultime étape, essentielle à la grande œuvre d’art, doit être franchie : le sentiment. Du bout de son pinceau, une des jeunes filles recueille une larme bovine et la fait tomber sur la toile. Cette goutte de sentiment vient redonner une âme à la création artistique.

Les enjeux artistiques d’un tel spectacle sont donc très intéressants. Il s’agit d’accompagner les enfants dans une véritable éducation artistique. Il ne suffit pas de voir pour regarder, il ne suffit pas d’écouter pour entendre…

L’opéra, en tant qu’art total, est la forme idéale pour entreprendre cette initiation ludique.

Du point de vue plastique, tout démarre d’un des arlequins de Picasso. Son costume bariolé est à l’image des boîtes de peinture offertes par l’Oncle Alfred : des couleurs vives et unies, qui seront utilisées sans nuances. Mais l’Arlequin de Picasso est aussi un personnage poétique. Il n’est pas tant issu de la Commedia dell’arte que des Enfants du Paradis.

Au fil du spectacle, des toiles, des statuettes, des accessoires seront présentés aux enfants comme autant d’illustrations du conte qui leur est présenté. Autant d’occasions de permettre une approche non muséale de ces œuvres d’arts.

Pour un tel spectacle et une telle entreprise, j’avais absolument besoin de m’adjoindre le talent de Perrine Leclère-Bailly, scénographe avec qui j’ai déjà collaboré à plusieurs reprises. Son talent et son ingéniosité va nous permettre de mettre en lumière ces œuvres plastiques dans un contexte ludique sans pour autant dénaturer leur art.

Enfin et surtout, la musique d’Isabelle Aboulker, son talent pour mettre des mélodies sur les mots des grands auteurs est sans doute le composant essentiel pour permettre aux enfants de toucher pour un instant au sens profond du mot : « Beauté ».

Action culturelle autour du spectacle

Nous avons pu à l’occasion du précédent spectacle pour enfants de la Compagnie développer nos interventions pédagogiques et proposer à notre réseau d’écoles et de centres de loisirs des ateliers d’initiation à l’opéra au cours desquels nous présentons de manière interactive aux enfants l’histoire de l’opéra, les compositeurs importants, les différents types de voix, les métiers liés aux maisons d’opéra etc…

Autour de ce nouveau spectacle, nous pouvons proposer des ateliers avec deux directions distinctes et complémentaires : le monde de l’opéra d’un côté et celui de la peinture de l’autre. Tout le conte parle de la pratique de la peinture, de l’image de soi et de sa représentation. Le metteur en scène et la scénographe ont d’ailleurs axé leur recherche sur l’iconographie des grands noms de l’histoire de la peinture (Gainsborough, Picasso, Mondrian, Renoir, Degas, Durham etc…)

C’est l’occasion pour nous de présenter de manière ludique aux enfants des écoles deux facettes complémentaires de l’art : la peinture et le chant.

Nous avons trouvé particulièrement intéressant la façon dont Marcel Aymé parle des émotions et de l’image de soi dans ce conte : le complexe de l’âne et de ses grandes oreilles, l’orgueil démesuré du coq qui se pavane pour palier à sa petite taille, la difficulté du bœuf à verser une larme car il ne pleure jamais … Autant d’aspects émotionnels que chacun traverse et que nous avons envie de développer avec les enfants et leurs enseignants.